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Chapitre 2: Comment avoir l’air relaxé et sûr de soi devant une caméra.

 

« Soyez naturel ! » « Soyez vous-même ! » « Mettez-vous à l’aise ! »

Comme pour la préparation du message, les mauvais conseils vous attendent au moment de la prise de vues.  

Pour rappel, devant vous se trouvent un objectif, un microphone et une lampe, fièrement dirigés vers votre tête. « Naturellement », votre visage devient tendu, « naturellement » vos yeux se plissent et vos épaules se lèvent. « Naturellement », votre voix devient faible et hésitante.  

Conséquence : vous avez l’air terrifié (probablement vous l’êtes) et les spectateurs ressentent votre angoisse. L’impact de votre joli message est compromis par l’inquiétude que vous transmettez. 

Scary Camera

 

 

« Soyez le meilleur de vous-même ! » serait un meilleur conseil, facile à donner, mais dont l’application demande un certain apprentissage.  

Le côté « naturel » que vous reconnaissez et admirez chez les porte-paroles professionnels est en réalité un effet construit, le fruit d’un long parcours englobant des années d’entraînement et une présence constante devant les caméras.  

Sans avoir l’ambition de devenir un pro de la prise de parole en 5 minutes (le temps de lecture de cet article), il existe un certain nombre d’astuces que vous pouvez intégrer lors de votre prochain entretien, qui vous aideront à vous présenter sous un meilleur jour et à faire passer votre message avec aisance.

 

 

Avant l’interview

Si vous n’êtes pas un extraverti pathologique, qui fleurit sous les projecteurs, l’idée de parler devant une caméra peut vous sembler effrayante. Soudainement, vous vous apercevez que vous avez deux mains (où les cacher ?) et deux yeux (où regarder ?).

Vous n’êtes plus vous-même. La personne détendue et sûre de soi d’il y a dix minutes est devenue un robot. Comment faire pour être – ou au moins donner l’illusion d’être – à l’aise ?

Nous allons recréer ensemble, étape par étape, un comportement naturel, et retrouver le meilleur de vous-même, celui qui vous attend derrière la porte du studio.

Le premier aspect sur lequel il est essentiel de veiller est de ne pas devenir rigide.  

Focalisez-vous sur une partie du corps à la fois et vérifiez : votre visage, vos épaules, vos bras… Est-ce que vous ressentez de la tension quelque part ? Si c’est le cas, fermez les yeux et envoyez une caresse cérébrale, éliminez cette raideur, permettez aux muscles de se relaxer.

 

Microphone

La voix

Prononcez quelques phrases et vérifiez l’état de votre voix. Est-elle tendue ? Êtes-vous pressé de livrer le message le plus vite possible, pour vous débarrasser d’une tâche inconfortable ? Si c’est le cas, prenez une respiration profonde, ralentissez le rythme de vos mots.  

Cela ne suffit pas ? Chantez une chanson. Oui, oui !

Si vous parlez debout, vous avez déjà l’avantage d’une position favorisant une bonne portée et fluidité de la voix.

Si vous êtes assis, ne vous abandonnez pas contre le dossier de votre siège. Cela affaiblirait le contrôle du diaphragme, et aurait un impact négatif sur la qualité de votre voix.

(D’ailleurs, apprendre à respirer correctement est un aspect essentiel non seulement pour une bonne prise de parole, mais aussi pour la gestion de ses émotions).

 

 

La posture

En plus d’affaiblir la voix, une position avachie est un signe de manque d’énergie, qui peut être traduit par un manque d’intérêt pour le sujet abordé : adieu message.

Toujours pas convaincu ? Voici l’argument ultime. Faites le test suivant : abandonnez-vous dans le grand fauteuil, et demandez au caméraman de vous filmer pendant cinq secondes. Maintenant admirez le résultat : vous avez l’air plus gros qu’en réalité. Il me semble vous avoir convaincu. 

Attention cependant à ne pas tomber dans l’autre extrême – la posture militaire. Le corps droit et la tête haute, le ventre rentré et les épaules en arrière. C’est une posture qui inspire austérité et raideur, convenable pour un soldat, mais pas pour un porte-parole. Cette fois-ci, vous avez l’air rigide, et le message est à nouveau compromis, pour d’autres raisons.

En réalité, que vous soyez assis ou debout, pour obtenir une image flatteuse, il convient de se pencher légèrement en avant. De cette façon-là, la caméra est focalisée sur votre visage, le double menton disparaît, le ventre n’est plus visible. En outre, cela avertit votre interlocuteur que vous êtes impliqué dans la conversation.

 

04. Eyes

 

Les yeux

Une fois la posture corrigée, il est temps de s’occuper d’un aspect primordial dans la communication : le regard.

Lorsque vous parlez avec un journaliste, rien de plus simple : regardez-le dans les yeux (et pas la caméra !). Imaginez que vous parlez avec un ami. Vous établirez ainsi un rapport de confiance avec lui, et vous oublierez la caméra (enfin !).

Dans un tel contexte, certaines personnes ont tendance à regarder alternativement l’interviewer et la caméra. Ne le faites pas, vous auriez l’air désorienté (pour ne pas dire stupide).

Si en revanche un journaliste n’est pas présent, alors regardez droit dans l’objectif. Les spectateurs auront l’impression que vous leurs parlez, ils seront impliqués en première personne. C’est la technique utilisée par les hommes politiques dans les discours électoraux.  

Quand vous entendez une question pour laquelle vous n’avez pas une réponse préparée, il est possible que vos yeux se mettent à balayer la pièce, en cherchant l’inspiration. La réaction est tout à fait naturelle, cependant, en vidéo, elle crée une sensation d’insécurité. Surtout si vous regardez en haut, vous donnerez l’impression d’une réponse fabriquée, d’un mensonge.

Pour éviter cela, continuez à regarder l’interviewer durant les quelques secondes dont vous avez besoin pour formuler la réponse.

 

 

Les mouvements

Le mouvement, c’est la vie ! Dans une conversation avec un ami, vous bougez. Le torse, les mains, la tête. Pourquoi ne pas le faire dans une interview ?

Si devant la caméra rien ne bouge à l’exception de vos lèvres, vous êtes un robot. (D’ailleurs, certains hommes politiques s’expriment comme des robots, et nous connaissons tous leur niveau de crédibilité).

Sans peur, bougez votre tête et votre torse, dans le rythme et la mélodie de ce que vous dites.

Certaines personnes bougent naturellement plus que d’autres. Ne luttez pas contre votre personnalité.

 

 

Les mains  

Un des faux mythes véhiculés par les experts du media training est qu’il faut contrôler ses mains en permanence, ne pas dépasser un certain « cadre », voire les tenir immobiles.

Simplement, quand une personne se sent en sécurité, elle utilise ses mains pour illustrer ou pour amplifier le sens de ses mots. Et ce, dans toutes les cultures.

Si vous empêchez vos mains de « parler », vous redevenez un robot. Laissez vos mains s’exprimer, comme elles le font dans la vie de tous les jours.

Vous pouvez avoir les mains posées sur la table quand vous écoutez quelqu’un, mais si c’est vous la personne qui parle, les mains ont le droit – et à mon avis le devoir – de bouger.

 

Closeup of a businessman wearing a light gray suit standing with his arms crossed. Horizontal format over a light ot dark gray background. Man is unrecognizable.

Les vêtements

Toujours dans un souci de cohérence et crédibilité, assurez-vous que ce que portez est en harmonie avec ce dont vous parlez.

Pour un sujet institutionnel, un costume traditionnel est une valeur sûre – veste, tailleur, chemise. Vos spectateurs vous reconnaîtront comme « un des leurs » et vous feront confiance. Si vous êtes un artiste, vous avez sûrement déjà un look public qui attire les fans et augmente votre réputation.

Indépendamment de votre métier, il est conseillé de privilégier les couleurs unies. Les motifs, les carreaux et les petits pois attirent l’attention. Préféreriez-vous que les spectateurs prêtent plus d’attention à vos paroles ou à vos vêtements ?

Aussi, évitez le noir et le blanc absolu. Si dans la rue le noir vous fait sembler plus fin(e), dans la vidéo, il vous rend lourd(e). Aussi, les yeux sont attirés par ce qui brille. Faites-vous une faveur et dirigez l’attention des spectateurs vers votre visage, pas vers votre chemise blanche.

 

Derniers conseils

  • Faites toutes vos déclarations avec un maximum de confiance. Si vous n’est pas sûr de ce que vous dites, cela se reflétera dans vos réponses.
  • L’aisance en situation d’interview peut être augmentée avec de la pratique. Faites une simulation d’interview avec un ami ou un collègue.
  • Devant une caméra, abordez en permanence un léger sourire, même quand vous donnez de mauvaises nouvelles. Tout est dans le dosage, un sourire discret est indicateur de confort, relaxation et sûreté.
  • Les journalistes n’ont pas toujours de bonnes intentions. Pour éviter leurs pièges, maintenez une attitude amicale, même après la fin « officielle » de l’interview. Ne leurs confiez jamais en privé une information que vous pourriez regretter plus tard. 
Ready

 

Prêt ?

Qui a peur de la caméra ? Certainement pas vous !

Bien évidemment, si vous souhaitez compléter votre formation Media Training et devenir le meilleur de vous-même grâce à des exercices conçus spécialement pour vous, je suis à votre écoute.

Si tout est clair, rendez-vous la semaine prochaine pour le dernier chapitre – répondre aux questions.

 

© Alessandro Principe 2020