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Chapitre 3: Comment répondre aux questions ?

 

Je vous ai habitués à commencer chaque article par de mauvais conseils, vous seriez déçus si je ne faisais de même pour le troisième chapitre. Mesdames, messieurs, vous voici servis :

« Ignorez les questions ! » « Apprenez votre texte par cœur ! » « Utilisez le jargon technique ! ».

Fort conseillé pour attirer l’antipathie du journaliste et des spectateurs, le fait d’ignorer les questions est aussi une solution sûre pour retrouver dans le montage final les moments les moins flatteurs, et vos propos détournés.

Afin de promouvoir vos messages tout en répondant de manière pertinente aux questions du journaliste, je vous conseille une stratégie plus subtile. 

 

 

Bridging

Rappelons-nous que le but d’une interview est de transmettre des messages clés et de les retrouver ultérieurement cités dans les médias. Le journaliste n’est pas votre cible, mais un agent qui facilite la diffusion de ces messages.

L’art des réponses stratégiques consiste à utiliser les questions du journaliste comme des leviers nous permettant de soulever et exposer nos idées.

Alors, à chaque fois que vous entendez une question, évaluez rapidement vos messages et décidez lequel se rapproche le plus de la réponse attendue. Commencez en répondant à la question, ou au moins en donnant une information en rapport avec la question.

Maintenant, par une technique appelée « bridging », déplacez le discours vers le sujet dont vous souhaitez parler, « traversez le pont » pour arriver sur votre territoire.

(En anglais, A-B-C, Acknowledge – Bridge – Contribute)

 

Bridge 01

 

Cette transition se fait grâce à des phrases types, comme par exemple : « J’aimerais ajouter que… » « Pour replacer les informations dans le contexte… » « Ce qui m’inquiète le plus, c’est que… » « Il est important de comprendre que… » etc.

De cette façon-ci, le journaliste obtient sa réponse, et vous livrez un de vos messages clé.

Si le journaliste vous pose plusieurs questions en même temps, identifiez celle qui peut vous aider à traverser le pont le plus rapidement possible.

Tant que vous répondez à au moins une question, personne ne peut vous incriminer d’éviter les questions, et le journaliste aura la possibilité de reformuler les autres, s’il le souhaite. En attendant, vous avez répondu, et vous avez placé votre message. Sh-Boom !

Afin de faire ces calculs rapidement, il convient d’avoir ses messages frais dans votre mémoire. N’hésitez pas à les écrire sur une feuille de papier, et de les garder sous vos yeux le plus longtemps possible avant de commencer l’interview. 

 

 

Négatif x Négatif = Positif

Parfois vous allez entendre des questions formulées de façon négative. Ex. « Pourquoi vous n’avez pas pris les mesures de sécurité nécessaires ? »

Si une telle question vous est adressée, ne répétez jamais les mots négatifs présents dans la question. Une réponse comme « Nous n’avons pas pris les mesures de sécurité à cause d’une incompatibilité… » est le premier pas vers une catastrophe médiatique.

Au moment où vous reprenez les aspects négatifs, le journaliste se dit dans sa tête « yesss ! ». Et vous pouvez être certain que c’est exactement ces mots-là qui seront cités. Il est même possible que la partie négative soit la seule retenue dans le journal, et votre image sera associée de façon permanente à vos erreurs.  

La manière habile de répondre à une telle question est de rebondir et d’offrir une succession d’action positives. Par exemple : « Nous avons pris des mesures exceptionnelles, et nous travaillons activement à la reconstruction du site. ». Sauvé ! Quelle que soit la partie retenue pour le montage final, vous serez présenté sous de bonnes auspices.

Vous avez répondu à la question, vous avez privilégié le contenu valorisant. Tout roule. 

 

 

I don't know

 

Je ne sais pas

C’est aussi simple.

Lorsqu’un journaliste vous pose une question à laquelle vous ne connaissez pas la réponse, répondez par la phrase magique « je ne sais pas ».

Ne soyez pas gêné ou embarrassé. Il n’y a rien de grave à ne pas connaître une réponse.

Dites simplement : « Je ne sais pas. En revanche, je sais que… », traversez le pont et parlez de quelque chose qui est pertinent pour vous.

Peut-on vous accuser de ne pas avoir répondu ? Absolument pas ! Les mots « je ne sais pas », constituent une réponse valide, qui de plus est sincère.

 

 

Trois messages

Une fois que vous maîtrisez l’art du bridging, que vous êtes capables de traverser le pont élégamment et insérer vos messages, il est temps de passer au niveau supérieur.

Souvenez-vous que vous avez préparé deux ou trois idées. Afin d’augmenter les chances de les retrouver cités dans les médias, idéalement il faudrait placer tous vos messages clé après chaque question.

La séquence complète serait : Question 1 – réponse 1 – bridge – message 1 ; message 2 ; message 3. Question 2 – réponse 2 – bridge – message 2 ; message 3 ; message 1. Etc.

L’ordre des messages ne doit pas être le même à chaque fois, les histoires et les preuves associées non plus. En revanche, il est essentiel d’exposer la totalité des idées.

Il ne s‘agit pas de répéter les informations mécaniquement, comme un tourne disque. Il faut faire preuve d’une certaine aisance à reformuler les réponses lors de chaque nouvelle exposition, donner l’illusion de fraîcheur et de nouveauté, tout en conservant les thématiques.

Ce n’est pas une démarche facile, mais avec l’exercice vous allez la maîtriser, et les bénéfices sont non négligeables car cela augmente de façon notable les chances que l’intégralité de vos messages se retrouvent dans le montage final. Ce qui devrait être votre unique but.

 

Target

 

Ton de la communication

Nous le disions précédemment, le journaliste n’est pas votre cible.

Vous connaissez sans doute le profil type de votre public, les personnes ou les entreprises pour qui vous communiquez. Comme dans la publicité, le ton et le langage abordés doivent être ajustés par rapport à leurs codes, à leur niveau de compréhension, à leurs centres d’intérêt.

Un exercice facile, qui vous garantira d’aborder en permanence un ton approprié, est de visualisez votre cible. Créez l’avatar d’une personne représentative du public que vous souhaitez persuader. Allez jusqu’à chercher une photo sur internet si vous voulez. Plus c’est précis, mieux c’est.

A chaque fois que vous entendez une question, imaginez que vous répondez à cette personne-là, pas au journaliste. Sans vous en apercevoir, votre ton et votre vocabulaire changeront, et les personnes que vous ciblez se sentiront concernées par votre discours, impliquées dans vos démarches.

 

 

Quelques situations particulières

Si une interview traditionnelle, en studio, reste l’exercice le plus difficile, il y a d’autres types d’interviews, qui, bien que plus simples, méritent quelques conseils personnalisés :

1. En face à face pour un journal / blog

  • Favorisez un endroit familier, où vous vous sentez à l’aise
  • Maintenez une énergie positive durant toute la durée de l’interview
  • Prenez votre temps avant de répondre aux questions. N’étant pas filmé, il est acceptable de faire des pauses pour réfléchir

2. Par téléphone

  • Conservez une feuille avec vos messages clés sous vos yeux
  • Parlez debout pour avoir plus d’énergie
  • Bloquez les appels en attente et les notifications

3. Radio / podcast 

  • Eteignez tous vos appareils électroniques
  • Faites attention à la qualité de la voix – c’est le principal vecteur de communication
  • Parlez comme à un ami pour impliquer les auditeurs

4. Skype

  • Utilisez une webcam et un microphone de qualité
  • Choisissez un arrière-plan épuré
  • Positionnez l’ordinateur de façon à avoir la caméra au niveau des yeux
  • Résistez à la tentation ! Vous êtes devant votre ordinateur, ne lisez pas vos emails ! 

 

Skype

 

Derniers conseils 

Enfin, quelques conseils qu’il est bon de suivre en toute situation d’interview :

  • Regardez d’autre interviews du même journaliste pour connaître son style
  • Arrivez au rendez-vous en avance pour vous familiariser avec l’environnement
  • Demandez une liste des questions avant l’interview (vous ne l’obtiendrez pas toujours)
  • Demandez quelle sera la durée totale de l’entretien (important pour décider en quelle mesure vous pouvez développer les thèmes)
  • Hydratez-vous bien avant et durant l’interview

 

Ready

Prêt ?

Le Media Training n’a plus de secret pour vous !

Vous êtes prêt à briller devant les caméras et à faire passer votre message comme une lettre à la poste, tout en répondant aux questions des journalistes.

Comme toujours, si vous souhaitez suivre une formation avancée en Media Training, avec des jeux de rôles filmés, et une analyse complète de votre comportement en vidéo, je me tiens à votre disposition

© Alessandro Principe 2020